Les merveilles d’Alice au Théâtre de la Ville
© Jean-Louis Fernandez
Pour Noël et jusqu’au 31 décembre, Emmanuel Demarcy-Mota reprend le merveilleux spectacle écrit par son auteur associé Fabrice Melquiot. Un feu d’artifice d’images, de sons et de rêves autour de la nouvelle de Lewis Carroll portée par la troupe d’acteurs du Théâtre de la Ville qui peut plaire à tous les publics, des tous petits comme des très grands qui trouveront matières et idées d’un monde à la renverse !
Une héroïne intemporelle

© Jean-Louis Fernandez
Quelle merveilleuse idée de faire d’Alice une jeune fille d’aujourd’hui, effrontée et vive comme un feu follet, les jambes véloces qui escaladent des montagnes de neige ou de livres, qui défonce les portes fermées à double tour et refuse de se fier à la sagesse philosophique d’un lapin blanc ! L’Alice dessinée par la formidable Suzanne Aubert, leggings et corps de libellule en robe courte, ne s’en laisse pas compter. Dévoreuse de vie, avide de sensations fortes, elle escalade le monde dans toutes ses dimensions et prend le sens figuré pour le sens propre. La formidable idée d’Emmanuel Demarcy-Mota et de Fabrice Melquiot a été de projeter le personnage vers d’autres univers que celui de la nouvelle de Carroll, mais en en respectant les balises narratives de la nouvelle d’origine. On rencontrera donc un Lapin pressé par le temps, qui nous évoque irrésistiblement notre course effrénée avec le nôtre (Philippe Demarle), une Reine de coeur au coeur de pierre transformée en longiligne poupée Barbie (Valérie Dashwood), mais aussi le petit Chaperon rouge (Sarah Karbasnikoff) émancipée du méchant Loup (Jauris Casanova).
Festival d’images et de sons

© Jean-Louis Fernandez
Tous ces personnages, mythiques et tout droit sortis de Perrault ou des Frères Grimm, percutent la destinée d’une Alice candide et moqueuse, qui traque, s’amuse et se révolte contre l’absurdité du monde. La scénographie et les lumières d’Yves Collet et de Christophe Lemaire superposent des ambiances colorées aux lumières fantastiques, sur un plateau nappé d’eau sombre, entre Tim Burton et Robert Wilson. Les masques, les prothèses et les costumes signés Anne Leray et Fanny Brouste, les maquillages de Catherine Nicolas transforment comme par magie les comédiens en créatures surréalistes ou en animaux marins. Le travail chorégraphique et très physique (Nina Dipla) de tous les acteurs plonge le spectateur dans une mise en abîmes de plusieurs univers qui jouent sur toutes les dimensions.
La réalité n’est-elle qu’un rêve ?

© Jean-Louis Fernandez
Lewis Carroll et son obsession pour le temps, son regard aiguisé sur la morale de la société anglaise au 19° siècle et son goût pour le décalage et les jeux mathématiques, se mêle ici à l’univers théâtral de Pirandello, ses doubles infinis, sa quête de vérité. Le spectacle a donc l’énorme avantage de pouvoir être dégusté à plusieurs niveaux de lecture tant les images (vidéos de Matthieu Mullot), la bande-son (David Lesser) et le grand talent des 9 comédiens sur le plateau ravissent des publics de tous âges. Cette recréation s’accompagne d’ailleurs, à l’Espace Cardin où elle est présentée, de conférences scientifiques pour les enfants et d’un projet de sculpture sur la Lune, « Vitae » d’Aurore Banon. Pour finir l’année 2017 dans l’espace !
Hélène Kuttner
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